Echange avec Angélique Rouquet au sujet de l’IGP miel des Cévennes Octobre 2018
Peux-tu te présenter ?
Je suis animatrice au Groupement Qualité des Miels d’Occitanie (GQM), et plus particulièrement au sujet de l’IGP miel des Cévennes.
Qu'est-ce que l’IGP miel des Cévennes ?
L’IGP est une Indication Géographique Protégée. C’est un signe de qualité qui a pour but de valoriser un territoire : ici les Cévennes. Les Cévennes se situent dans une partie du Gard, la Lozère, l’Ardèche et deux communes situées en Aveyron.
Quelle est la particularité du miel des Cévennes ?
Dans cette région, il y a des fleurs typiques à partir desquels on peut faire du miel de deux types : des miels polyfloraux et monofloraux. Dans les miels monofloraux, on retrouve le miel de châtaignier qui est assez emblématique des Cévennes. Il présente des différences gustatives par rapport à un miel de châtaignier fait ailleurs en France comme en Corse où un miel de châtaignier est également valorisé. Ces spécificités sont dues aux reliefs, aux roches et au climat typique cévenol.
Qu’est-ce que l’IGP apporte aux apiculteurs ?
S’engager dans une démarche IGP apporte aux apiculteurs une valorisation de leur miel par une meilleure traçabilité auprès des consommateurs. Cela apporte une visibilité beaucoup plus importante qu’un apiculteur qui ne serait pas dans une démarche de ce type. Cette labélisation montre que l’apiculteur a une maîtrise de gestion de la pose de ses ruches sur un territoire jusqu’à la mise en pot, ou mise en fût, avec des réglementations sur l’humidité et physico-chimiques. Cela permet ainsi d’agir sur certaines notions qui sont en train d’émerger, notamment à propos des miels dont on ne connaît pas la provenance. Avec l’IGP, cela permet à l’apiculteur de dire « moi je maîtrise mon produit » au consommateur et également au distributeur ce qui peut avoir du poids dans des négociations auprès de revendeurs potentiels.
Aujourd’hui, un apiculteur a-t-il du mal à vendre son miel ?
L’apiculteur n’a pas forcément de mal à vendre son miel mais plutôt à transmettre la notion qu’il est 100% français. On observe aujourd’hui un décalage entre la consommation et la production. Les revendeurs, grandes surfaces et magasins paysans doivent se fournir à l’extérieur pour répondre à la demande trop importante. Il est donc difficile pour un apiculteur de démarquer son miel 100% français des miels importés.
Passer dans une démarche IGP peut-il aider à augmenter son cheptel et donc à passer par exemple d’amateur à professionnel ?
Pas directement, mais cela les engage dans un cahier des charges et une rigueur. Ces compétences peuvent aider à passer de pluri-actif à professionnel, puis permettre de mieux vendre.
La démarche IGP influence-t-elle les pratiques apicoles ?
Cette démarche de qualité ne répond pas aux problématiques de type sanitaire mais agit sur une meilleure transparence avec le consommateur. Elle certifie un certain contrôle, une gestion et une transparence au niveau de la pose des ruches et ce qu’elles contiennent.
Pourquoi dans les Cévennes avons-nous une IGP et pas une AOP ?
La mise en place de l’IGP miel des Cévennes a duré 13 ans entre le début des discussions et la mise en fonctionnement. Le choix entre une certification IGP et AOP a été longuement discuté. L’IGP a été gardé car il permet d’effectuer des transhumances. C’est-à-dire qu’il est possible de déplacer les ruches sur le territoire IGP pour la production du miel qui va être valorisée puis de réaliser le travail d’extraction et de mise en pot en dehors des Cévennes. L’objectif de cette démarche est qu’elle soit un bonus pour les apiculteurs engagés sans pour autant limiter l’accès aux apiculteurs cévenoles et donc favoriser une ouverture du territoire.
Quelles sont les difficultés de l’IGP miel des Cévennes aujourd’hui ?
La première difficulté de l’IGP miel des Cévennes est de le faire connaître au grand public du fait notamment de sa nouveauté : il a été officiellement reconnu en 2015. Le consommateur français va culturellement être plus attiré vers un produit portant un signe de qualité donc le fait de lui faire découvrir ce signe est important.
La deuxième problématique est de convaincre les quelques apiculteurs qui ne sont pas convaincus par la démarche pour leur montrer qu’elle peut leur être bénéfique.
La troisième difficulté est de se faire connaître auprès des grandes surfaces et des conditionneurs qui vont pouvoir faire de la publicité et ainsi faire connaître l’IGP auprès du grand public. Si les conditionneurs rentrent dans la démarche et sont habilités à conditionner du miel IGP, cela peut également pousser les apiculteurs à s’engager en étant sûr de pouvoir vendre leur miel. Aujourd’hui, les professionnels ont des difficultés à vendre leur miel en fût.
Les actions à mener sont donc de la communication à tous les échelons.
Nous remercions Angélique Rouquet de nous avoir accordé du temps pour répondre à nos questions et présenter l'IGP miel des Cévennes.
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