Le varroa est un acarien ectoparasite de l’abeille. Arrivé dans les années 1980, il est aujourd’hui présent dans toutes les colonies en France métropolitaine et dans la majorité des pays du monde. Pour beaucoup, il est l’un des principaux facteurs de mortalité. En effet, il transmet de nombreux virus, empêche le bon développement larvaire et affaiblit les abeilles en phase phorétique.
Pourquoi le mesurer ?
Le varroa se développe dans toutes les colonies d’abeilles. L’impact qu’il a sur leur santé dépend de la quantité de varroas présents. Adulte, il vit en phase phorétique, c’est-à-dire fixé sur l’abeille, et se reproduit dans le couvain. Au cours de la saison, la population de varroas augmente de façon exponentielle. L’hiver, la population n’évolue pas car il n’y a plus de couvain lui permettant de se reproduire.
A partir d’un certain nombre, le varroa peut affaiblir une colonie et même la mener jusqu’à sa mort. Cela se répercute sur la quantité de miel récolté au cours des dernières miellées ainsi que sur le taux de mortalité durant l’hiver. L’objectif, pour l’apiculteur, est de maintenir la population de varroas sous un seuil limite, une quantité n’impactant pas le développement et l’activité des colonies. Pour cela il faut suivre la population des varroas dans les colonies, et également traiter quand le taux de varroas est trop élevé.
Comment le mesurer ?
Malheureusement, il est difficile d’avoir un indicateur fiable pour estimer la quantité de varroas dans une ruche. On peut détecter leur présence par l’observation d’abeilles portant des varroas phorétiques ou d’abeilles aux ailes déformées par le virus transmis par celui-ci. Mais voir le varroa signifie qu’il est déjà présent en très grand nombre et cela peut-être très inquiétant.
Différentes méthodes permettent de connaitre la quantité de varroas de façon fiable. Elles sont cependant très chronophages et difficilement applicables en pleine saison sur un cheptel important.
L’essentiel est de choisir une méthode et de conserver le même protocole pour toutes les ruches et durant toute la saison. Les données pourront ainsi être comparées et il sera possible de suivre l’évolution du varroa au cours de la saison.
Il est possible de compter la chute naturelle de varroa. On place alors un lange au niveau du plancher de la ruche afin de récupérer les varroas qui tombent de la colonie. Il faut réaliser des comptages régulièrement pour suivre la quantité de varroas tombés. Cette technique assez simple demande du temps pour réaliser les comptages. Il ne faut pas trop les espacer car les fourmis pourraient emporter quelques acariens et fausser les résultats.
Une autre technique très utilisée s’intéresse au taux de varroas en phase phorétique. On prélève alors un échantillon de 300 abeilles permettant d’estimer le taux de varroas phorétiques pour 100 abeilles, représentatif de l’ensemble de la colonie. On peut alors, sur le rucher même, utiliser du CO2 ou du sucre glace pour détacher les varroas et les compter. Peser l’échantillon d’abeilles permet de connaitre le nombre d’abeilles et d’estimer le taux pour 100 abeilles. On peut aussi effectuer un lavage des abeilles au détergent, ce qui peut être plus fiable mais ne permet pas la survie des abeilles de l’échantillon. Ce chiffre est à mettre en lien avec le nombre de cadres de couvains pour estimer la quantité de varroas totale et non seulement les phorétiques.
Enfin, le protocole le plus fiable, mais très long est donc plus utilisé dans le cadre de la recherche, consiste à ouvrir une certaine quantité de cellules de couvain fermées pour observer le nombre de nymphes infectées.
Comment l’interpréter ?
La majorité des traitements ne peuvent pas être réalisés au moment de la récolte de miel. En effet, on utilise souvent des acaricides, ou des produits toxiques pouvant se retrouver dans le miel. Afin de prévoir au mieux ses traitements, il est très important d’avoir des indicateurs efficaces pour suivre l’évolution du varroa tout au long de la saison.
Il est alors stratégique de traiter en fin de saison pour que la colonie ait très peu de varroas en sortie d’hivernage. Ainsi, durant la saison apicole, le varroa se développera mais restera sous la quantité seuil. Si la colonie débute le printemps avec un peu de varroa, la croissance exponentielle de la population d’acariens ne permettra pas de rester sous le seuil jusqu’à la fin de l’été.
Les mesures effectuées sont à étudier en comparaison avec des valeurs seuil de référence. Ces seuils varient en fonction de la méthode choisie, des régions et du mois de la saison.
Si une colonie est trop infestée, il vaut mieux sacrifier une miellée pour traiter et ainsi baisser la pression en varroa. Les mesures permettent également de s’assurer de l’efficacité des traitements réalisés en automne.
Voir nos articles sur Les causes de mortalité et Le varroa, une menace pour les abeilles.
_________________
Comments